Vincent Price : the master of horror
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Rien ne prédisposait Vincent Price, diplômé d'histoire de l'art à Yale et des Beaux Arts de Londres, à devenir une icône du cinéma d'épouvante, si ce n'est sa taille imposante. Après des débuts plutôt classiques à Broadway dans des rôles de jeunes premiers, notamment sous la direction d'Orson Welles, et au cinéma dans des seconds rôles de gentlemen, dont les plus marquants sont "La Tour de Londres" de Rowland V. Lee (1940), "Laura" D'Otto Preminger (1944) et "Le Château du Dragon" de J.L Mankiewicz (1946), la carrière de Vincent Price bascule dans le cinéma de genre au début des années 50, avec une oeuvre maitresse, "L'Homme au Masque de Cire" d'Andre de Toth (1953), remake d'un film de Michael Curtiz. Dès lors sa carrière subie une profonde mutation en s'orientant vers le fantastique et l'épouvante, où il campe des personnages inquiétants et manipulateurs, démoniaques et dérangés, faisant de lui un des nouveaux maitres de l'horreur, aux côtés de Christopher Lee, Peter Cushing, Bela Lugosi, Lon Chaney ou Boris Karloff. Ce dernier dira d'ailleurs : "Je serai toujours reconnaissant vis à vis du monstre, c'est mon meilleur ami"... | Rien ne prédisposait Vincent Price, diplômé d'histoire de l'art à Yale et des Beaux Arts de Londres, à devenir une icône du cinéma d'épouvante, si ce n'est sa taille imposante. Après des débuts plutôt classiques à Broadway dans des rôles de jeunes premiers, notamment sous la direction d'Orson Welles, et au cinéma dans des seconds rôles de gentlemen, dont les plus marquants sont "La Tour de Londres" de Rowland V. Lee (1940), "Laura" D'Otto Preminger (1944) et "Le Château du Dragon" de J.L Mankiewicz (1946), la carrière de Vincent Price bascule dans le cinéma de genre au début des années 50, avec une oeuvre maitresse, "L'Homme au Masque de Cire" d'Andre de Toth (1953), remake d'un film de Michael Curtiz. Dès lors sa carrière subie une profonde mutation en s'orientant vers le fantastique et l'épouvante, où il campe des personnages inquiétants et manipulateurs, démoniaques et dérangés, faisant de lui un des nouveaux maitres de l'horreur, aux côtés de Christopher Lee, Peter Cushing, Bela Lugosi, Lon Chaney ou Boris Karloff. Ce dernier dira d'ailleurs : "Je serai toujours reconnaissant vis à vis du monstre, c'est mon meilleur ami"... | ||
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Raconté par Elrico Ridante et Charline Morisawa, ce documentaire fera le point sur la riche et longue carrière de Price, en approfondissant sur ses rôles emblématiques de méchants dans des productions fantastiques ayant marqué la mémoire des cinéphiles : "L'Homme au Masque de Cire", "The Mad Magician" de John Brahm (1954) "La Nuit de tous les Mystères" (1958) et "Le Désosseur de Cadavres" (1959) de William Castle, les quatre films ayant par ailleurs lancés la mode du 3D, mais aussi le diptyque de "La Mouche" (1958-59). Ce virement vers les productions horrifiques n'empêcheront cependant pas notre homme de jouer dans des films classiques d'envergure comme "Les 10 Commandements" (1955) de Cecil B. DeMille ou de tourner pour Fritz Lang et Anthony Mann lorsque son talent était requis. | Raconté par Elrico Ridante et Charline Morisawa, ce documentaire fera le point sur la riche et longue carrière de Price, en approfondissant sur ses rôles emblématiques de méchants dans des productions fantastiques ayant marqué la mémoire des cinéphiles : "L'Homme au Masque de Cire", "The Mad Magician" de John Brahm (1954) "La Nuit de tous les Mystères" (1958) et "Le Désosseur de Cadavres" (1959) de William Castle, les quatre films ayant par ailleurs lancés la mode du 3D, mais aussi le diptyque de "La Mouche" (1958-59). Ce virement vers les productions horrifiques n'empêcheront cependant pas notre homme de jouer dans des films classiques d'envergure comme "Les 10 Commandements" (1955) de Cecil B. DeMille ou de tourner pour Fritz Lang et Anthony Mann lorsque son talent était requis. | ||
| - | Mais c'est sa collaboration avec Roger Corman qui constituera la pierre angulaire de ce voyage à travers le cinéma d'épouvante, puisque les deux hommes ont enchainé pas moins de sept films ensemble, en l'espace de seulement cinq ans. C'est "La Chute de la Maison Usher" (1960) qui lance la saga, suivi de "La Chambre des Tortures" (1961), "L'Empire de la Terreur" (1962), "Le Corbeau" et "La Malédiction d'Arkham" (1963), "Le Masque de la Mort Rouge" (1964) et "La Tombe de Ligeia" (1965). A l'exception de "La Malédiction d'Arkham" adapté d'une célèbre nouvelle de H.P Lovecraft, les six autres films appartiennent tous au fameux cycle Edgar Allan Poe, brillamment mis en scène par un Corman au sommet de son art. Si ce dernier a parfaitement su adapter l'univers onirique et suggestif si typique de l'écrivain, c'est avant tout grâce au talent de Richard Matheson, son formidable scénariste, auteur du fameux roman "Je Suis une Légende", dont Price joua dans une des adaptations. Cette saga établira définitivement Price comme la pièce maitresse de l'épouvante gothique et du fantastique raffiné en lui permettant d'apporter au cinéaste son jeu maniéré si expressif ainsi que son allure distinguée de dandy blasé. | + | |
| + | Mais c'est sa collaboration avec Roger Corman qui constituera la pierre angulaire de ce voyage à travers le cinéma d'épouvante, puisque les deux hommes ont enchainé pas moins de sept films ensemble, en l'espace de seulement cinq ans. C'est "La Chute de la Maison Usher" (1960) qui lance la saga, suivi de "La Chambre des Tortures" (1961), "L'Empire de la Terreur" (1962), "Le Corbeau" et "La Malédiction d'Arkham" (1963), "Le Masque de la Mort Rouge" (1964) et "La Tombe de Ligeia" (1965). A l'exception de "La Malédiction d'Arkham" adapté d'une célèbre nouvelle de H.P Lovecraft, les six autres films appartiennent tous au fameux cycle Edgar Allan Poe, brillamment mis en scène par un Corman au sommet de son art. Si ce dernier a parfaitement su adapter l'univers onirique et suggestif si typique de l'écrivain, c'est avant tout grâce au talent de Richard Matheson, son formidable scénariste, auteur du fameux roman "Je Suis une Légende", dont Price joua dans une des adaptations. Cette saga établira définitivement Price comme la pièce maitresse de l'épouvante gothique et du fantastique raffiné en lui permettant d'apporter au cinéaste son jeu maniéré si expressif ainsi que son allure distinguée de dandy blasé.<br> | ||
A noter qu'à la même époque, l'Europe n'était pas en reste avec respectivement le fantastique gothique italien d'un Bava et d'un Freda, et la Hammer britannique dont le fer de lance était Terence Fisher accompagné de ses deux maitres étalons : Peter Cushing et Christopher Lee. | A noter qu'à la même époque, l'Europe n'était pas en reste avec respectivement le fantastique gothique italien d'un Bava et d'un Freda, et la Hammer britannique dont le fer de lance était Terence Fisher accompagné de ses deux maitres étalons : Peter Cushing et Christopher Lee. | ||
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Une attention toute particulière sera également apportée à ses rôles de grand méchant sadique dans "L'Abominable Docteur Phibes" (1971) et sa suite "Le Retour de l'Abominable Docteur Phibes" (1972), les deux étant signés par l'esthète Robert Fuest, ainsi que dans le chef d'oeuvre "Théâtre de Sang" de Douglas Hickox (1973), les trois films faisant quelques peu dans l'auto-parodie et où, à l'instar d'un giallo, l'inventivité dans l'art de se débarrasser de son prochain est largement mise en avant. Sans oublier ses rôles dans les films de Gordon Hessler, avec notamment le très étonnant "Lâchez les Monstres" (1969) dans lequel il partage l'affiche avec Lee et Cushing et dont Fritz Lang était un grand fan, ceux de Jacques Tourneur, ou le fameux "Grand Inquisiteur" (1968) ou il signe une de ses meilleures performances. | Une attention toute particulière sera également apportée à ses rôles de grand méchant sadique dans "L'Abominable Docteur Phibes" (1971) et sa suite "Le Retour de l'Abominable Docteur Phibes" (1972), les deux étant signés par l'esthète Robert Fuest, ainsi que dans le chef d'oeuvre "Théâtre de Sang" de Douglas Hickox (1973), les trois films faisant quelques peu dans l'auto-parodie et où, à l'instar d'un giallo, l'inventivité dans l'art de se débarrasser de son prochain est largement mise en avant. Sans oublier ses rôles dans les films de Gordon Hessler, avec notamment le très étonnant "Lâchez les Monstres" (1969) dans lequel il partage l'affiche avec Lee et Cushing et dont Fritz Lang était un grand fan, ceux de Jacques Tourneur, ou le fameux "Grand Inquisiteur" (1968) ou il signe une de ses meilleures performances. | ||
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Cette biographie clôturera avec le chapitre Tim Burton, soit un coup de projecteur sur la profonde relation d'amitié et de respect qui unissait les deux hommes, le cinéaste, son fan le plus emblématique, n'ayant jamais caché son admiration pour l'acteur dont il utilisa la voix pour son court métrage sobrement intitulé "Vincent" (1982), lui rendant ainsi directement hommage. Burton lui offre également son dernier rôle au cinéma en 1990 dans "Edward aux Mains d'Argent". | Cette biographie clôturera avec le chapitre Tim Burton, soit un coup de projecteur sur la profonde relation d'amitié et de respect qui unissait les deux hommes, le cinéaste, son fan le plus emblématique, n'ayant jamais caché son admiration pour l'acteur dont il utilisa la voix pour son court métrage sobrement intitulé "Vincent" (1982), lui rendant ainsi directement hommage. Burton lui offre également son dernier rôle au cinéma en 1990 dans "Edward aux Mains d'Argent". | ||
| - | Les nombreuses interviews de ce documentaire mettront en lumière la personnalité de Vincent Price, qui aux dire de tous, était un homme sophistiqué, passionné par son art et complètement investi par ses rôles, spirituel et cultivé, élégant et charmeur, mais surtout profondément chaleureux. Son jeu si caractéristique, expressif et raffiné jusqu'au maniérisme était reconnaissable entre mille, autant que sa voix, au timbre envoutant si particulier, dont il se servit beaucoup à la fin de sa carrière dans des milliers d'émissions radiophoniques. Il est également responsable d'une des premières collaborations du cinéma d'horreur avec le rock, prêtant sa voix à certains artistes musicaux (Alice Cooper, Iron Maiden et Michael Jackson pour le célèbre "Thriller") et participa également à des centaines d'émissions télé. | + | |
| + | Les nombreuses interviews de ce documentaire mettront en lumière la personnalité de Vincent Price, qui aux dire de tous, était un homme sophistiqué, passionné par son art et complètement investi par ses rôles, spirituel et cultivé, élégant et charmeur, mais surtout profondément chaleureux. Son jeu si caractéristique, expressif et raffiné jusqu'au maniérisme était reconnaissable entre mille, autant que sa voix, au timbre envoutant si particulier, dont il se servit beaucoup à la fin de sa carrière dans des milliers d'émissions radiophoniques. Il est également responsable d'une des premières collaborations du cinéma d'horreur avec le rock, prêtant sa voix à certains artistes musicaux (Alice Cooper, Iron Maiden et Michael Jackson pour le célèbre "Thriller") et participa également à des centaines d'émissions télé.<br> | ||
Price appartient à une époque bénie ou la magie du cinéma fantastique était insufflée par les comédiens et non par les effets spéciaux. Il n'a jamais regretté sa carrière dans ces productions fantastiques souvent fauchées mais toujours soignées, et il a endossé son personnage de maitre de l'horreur avec passion, respect mais aussi avec l'auto-dérision dont il savait faire preuve. Aurait-il eu une carrière aussi intense s'il était resté dans le cinéma classique qui le cantonnait dans des seconds rôles "gentillets" avant cette fameuse date de 1953, époque à laquelle les gentlemen dans son genre se démodaient au profit de rebelles comme Brando ou james Dean ? | Price appartient à une époque bénie ou la magie du cinéma fantastique était insufflée par les comédiens et non par les effets spéciaux. Il n'a jamais regretté sa carrière dans ces productions fantastiques souvent fauchées mais toujours soignées, et il a endossé son personnage de maitre de l'horreur avec passion, respect mais aussi avec l'auto-dérision dont il savait faire preuve. Aurait-il eu une carrière aussi intense s'il était resté dans le cinéma classique qui le cantonnait dans des seconds rôles "gentillets" avant cette fameuse date de 1953, époque à laquelle les gentlemen dans son genre se démodaient au profit de rebelles comme Brando ou james Dean ? | ||
Vincent Price, figure désormais indissociable du cinéma d'épouvante et véritable légende du fantastique, décède le 25 Octobre 1993 à l'âge de 82 ans, officieusement mort de chagrin d'avoir perdu sa femme un an plus tôt ; fin tristement gothique pour un homme qui a fait de son travail, sa seule foi... | Vincent Price, figure désormais indissociable du cinéma d'épouvante et véritable légende du fantastique, décède le 25 Octobre 1993 à l'âge de 82 ans, officieusement mort de chagrin d'avoir perdu sa femme un an plus tôt ; fin tristement gothique pour un homme qui a fait de son travail, sa seule foi... | ||
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== Fiche technique == | == Fiche technique == | ||
